Nord céréales s’attend à 60 % d’export en moins
La campagne 2024-2025 démarre difficilement pour Nord céréales, qui se voit contraint de resserrer ses coûts d’exploitation. Pour autant, la Sica entend continuer ses activités de diversification, et la mise en service d’un nouveau silo en 2025 devrait lui permettre d’atteindre ses objectifs.
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La campagne 2023-2024 a été globalement satisfaisante pour Nord céréales qui a exporté près de 2,1 Mt malgré la concurrence de la mer Noire. Les rendements corrects de la moisson 2023 et une bonne qualité ont permis à la Sica, qui gère les exportations de céréales via Dunkerque, de stabiliser ses exports vers plusieurs marchés stratégiques, notamment la Chine (1,6 Mt), l’Égypte (256 492 t) et le Maroc (146 235 t). L’Algérie a absorbé 30 300 t, l’Europe près de 21 000 t et la Thaïlande 17 176 t.
« Le blé représente 1,6 Mt, l’orge fourragère 458 388 t (à destination de la Chine) et l’orge brassicole environ 3 000 t », a indiqué Joël Ratel, directeur général de Nord céréales, mardi 12 novembre à la presse, quelques jours après l’assemblée générale à Dunkerque. L’activité import, démarrée en 2018, est bien présente en 2023-2024 avec 74 846 t de maïs et 60 835 t de pellets de bois en provenance des pays baltes, de Roumanie et d’Allemagne.
Le chiffre d’affaires pour 2023-2024 s’est ainsi élevé à 15,2 M€, en légère hausse par rapport à l’année précédente, tandis que le résultat net atteint 1,4 M€.
Faible disponible exportable en 2024-2025
La situation est plus compliquée pour la campagne 2024-2025. La faute à des conditions climatiques difficiles depuis octobre 2023 qui ont pénalisé les rendements et la qualité des grains. « Les collecteurs de la région ont rentré 25 à 30 % de tonnes de céréales en moins, précise Joël Ratel. Ce qui diminue pour nous le disponible exportable. » « Cela fait 7 Mt à exporter en moins pour la France », complète Laurent Bué, président de la Sica. La concurrence des pays de la mer Noire rend le blé français toujours peu compétitif.
Ainsi, au 31 octobre, Nord céréales n’avait vendu que 136 000 t (67 000 tonnes vers les pays tiers, 56 000 t vers l’Europe et 12 566 t en France pour alimenter les amidonneries de la région). « Seulement 155 000 à 160 000 tonnes sont prévues au 31 décembre, contre 850 000 t habituellement », précise le directeur général. Les céréales partent essentiellement vers le Maroc mais pas vers la Chine et l’Égypte. La Russie et l’Ukraine exportent, elles, beaucoup vers l’Égypte, l’Algérie et le Maroc. La Chine, qui utilise aujourd’hui ses stocks, est aussi absente. « Il faut être un peu patient, il devrait y avoir de l’activité au début de l’année prochaine, anticipe Laurent Bué. Mais on sait très bien qu’on prend du retard. » « Au premier semestre 2025, l’Afrique de l’Ouest pourrait être aux achats, de même que le Maroc et peut-être l’Égypte », espère Joël Ratel.
Pour l’exercice 2024-2025, Nord céréales prévoit entre 850 000 t et 1 Mt exportées, soit 60 % de moins que la campagne précédente. « À voir cependant comment les marchés s’ouvrent à nous et comment va se comporter la Russie dans les semaines à venir, s’interroge-t-il. L’Australie et l’Argentine vont aussi arriver bientôt sur le marché. Il y a donc encore beaucoup d’inconnues. » Les importations devraient atteindre le même niveau que la campagne précédente.
Activité de séchage de maïs
Pour compenser la baisse de ces exports, la Sica a engagé début novembre, une activité de séchage de maïs pour rendre service aux organismes stockeurs qui collectent actuellement du maïs très humide. 700 à 800 t peuvent être séchées par semaine, avec un objectif de 10 000 à 15 000 t sur la campagne. « Nous avons le séchoir, mais jusqu’alors nous ne le faisions pas car nous n’avions pas la place », souligne Laurent Bué.
Chômage partiel pour la première fois
Dans le contexte actuel, Nord céréales n’a d’autre choix que de resserrer ses coûts d’exploitation. La diminution des frais d’énergie et des charges de manutention aide en partie. Elle va limiter ses frais d’entretien et de maintenance et diminuer ses charges salariales.
« Pour la première fois depuis la création de Nord céréales il y a quarante ans, nous avons mis en place du chômage partiel, sur la période octobre, novembre et décembre, informe Joël Ratel. Nous verrons en décembre si nous prolongeons en janvier, février et mars. 50 % des équipes sont au chômage partiel, les 50 % restants travaillent. Cela s’inverse toutes les semaines ou 15 jours selon les services. » Des négociations sont en cours avec les partenaires bancaires et la Sica doit rencontrer à nouveau les organismes stockeurs afin de discuter des leviers à actionner pour augmenter les exports ou voir s’ils ont d’autres idées de diversification.
Nouveau silo pour 2025
Car Nord céréales entend toujours réduire sa dépendance à l’exportation en poursuivant ses activités de diversification, engagées depuis fin 2018 avec les importations de maïs et de pellets. Le projet phare de cette diversification est la construction d’un nouveau silo dont l’achèvement est prévu début 2025, pour une mise en service en avril 2025.
Pas moins de 23 M€ ont été investis dans ce Silo 9 d’une capacité de 30 000 t pour l’instant. Il comporte huit cellules dont deux sont équipées en fonds vibrants qui permettront de traiter des marchandises délicates et éviter d’avoir trop de grains cassés. Il sera possible de décharger à la fois des camions, des trains et également de charger des containers, une nouveauté pour Nord céréales. « La tour a été dimensionnée pour aller jusqu’à 105 000 t de capacité de stockage dans les années futures », souligne Joël Ratel. Ce deuxième silo permettra à la Sica d’être moins vulnérable en cas de panne, par exemple. Au total, la capacité de stockage de la Sica atteindra 330 000 t.
Développer les marchés à l’importation
Toujours dans le cadre de sa volonté de diversification, Joël Ratel précise que « de nouveaux marchés à l’importation sont en cours de concrétisation. Ils n’ont rien à voir avec ce que nous faisons actuellement mais cela reste dans le domaine agricole. » Pour Nord céréales, l’objectif est de faire « tourner ses outils au maximum ».
« Mon rêve serait que les organismes stockeurs amènent des céréales à Dunkerque et repartent dans leurs camions ou péniche avec d’autres matières premières, lâche Laurent Bué. Cela va arriver, on travaille là-dessus et on aura quelque chose de très efficient. » D’ici cinq à dix ans, les dirigeants espèrent que 50 % du chiffre d’affaires de la Sica sera dégagé par les activités de diversification contre 20 % aujourd’hui.
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